Le garçon en talons hauts - 21
Après Toulouse, en mai 1988, « Les Hirondelles » sont à Neufchâtel en Suisse. L’établissement où nous nous produisons s’appelle “Le Dauphin”. Il est dirigé par un homme considérablement séduisant, Julien. C’est un suisse d’origine italienne, sportif et formidablement élégant. Il roule en Ferrari, ce qui le rend à mes yeux absolument irrésistible !
Notre spectacle lui plait mais sa clientèle est peu habituée à ce genre de show, le succès est discret dirons-nous. Notre passage au « Dauphin » n’aurait pas du être un épisode marquant de notre tournée, et pourtant… L’après midi du 16 mai, j’avais décidé d’aller faire quelques achats dans le centre ville de Neufchâtel. Au hasard de ma balade, je me suis retrouvé devant la poste. Là, j’ai été pris d’un étrange sentiment, il fallait absolument que je téléphone à mon père, c’était une pulsion incontrôlable. Je suis entré dans l’établissement pour demander une cabine téléphonique à destination de l’international. En écrivant cela j’ai la sensation d’être un dinosaure ! Aujourd’hui j’appelle ma mère depuis la Nouvelle Zélande avec mon portable quand bon me semble…
Bref, j’appelle papa. Il est surpris de m’entendre car cela ne me ressemble pas d’appeler juste comme ça pour prendre des nouvelles. Je lui demande comment il va et il me répond :
-Oh je suis fatigué.
Et je lui réplique :
-Eh bien repose toi !
Et je l’entends me dire :
-C’est ce que je vais faire…
Je ne comprendrais jamais ce qui m’a poussé ce jour-là, à entrer dans ce bureau de poste pour appeler mon père.
Le matin du 17 Mai, je me réveille avec une étrange sensation. J’ai rêvé que papa était mort cette nuit et qu’il était venu me dire au revoir, ici dans ma chambre en Suisse. J’ai toujours beaucoup rêvé, mais cette fois mon songe me laisse un goût amer, une sensation de vérité étrange. Je raconte cette histoire à mes deux partenaires qui s’empressent de me là faire oublier. Nous décidons d’aller au cinéma voir le dernier film de Luc Besson, “Le Grand Bleu”. Après la projection nous sommes rentrés à notre appartement où m’attendait un télégramme.
-Prière de téléphoner d’urgence en Belgique.
On me laisse un numéro de téléphone que je ne reconnais pas, c’est celui d’un ami de la famille. Je m’exécute.
- Ton père a eu un accident, je suis désolé mon garçon, il s’est tué dans la nuit !
Moi :
-Mais quel accident ? C’est impossible je l’ai eu hier au téléphone…
Mon interlocuteur :
-Il a mis fin à ses jours cette nuit !
Je suis resté sans voix, comme pétrifié.
Mon rêve est réel pensais-je. Non, je n’ai pas rêvé !
Je ne suis pourtant ni mystique ni illuminé, enfin je ne pense pas. Je n’aurai jamais l’explication à cet étrange « adieu » avant de rencontrer en 2013 Patricia Darré. C’est une collègue de Radio France « un peu particulière », elle sait les choses.
Patricia reçoit des messages de personnes disparues, elle est médium. Si le sujet vous intéresse je vous recommande son livre : « Un souffle vers l’éternité » paru chez Michel Laffont en 2012.
Je comprends très bien que des tas de gens ne croient absolument pas à ce genre de chose. Je ne vais pas m’obstiner à vouloir vous convaincre, ce n’est pas mon but. Moi, j’ai vécu des trucs étranges, les yeux grands ouverts ! Moi, j’y crois. Mon père est bel et bien venu me dire au revoir avant de partir, personne n’arrivera jamais à m’en dissuader.
Il me l’avait dit : « Je vais me reposer » !